L’éclat du soleil tremblant

Dans l’Espace du Territoire intérieur, la conscience apparaît d’abord comme une lumière orientée, un rayon qui éclaire la forme, l’émotion, la pensée qui se présente.
Cette lumière — cette attention — n’est pourtant qu’un reflet, comme l’éclat du soleil tremblant à la surface d’un lac. Ce n’est pas la Source elle-même, seulement son premier miroitement.

La Conscience absolue, elle, ressemble au lac profond : une étendue sans limites, sans centre, où il n’existe ni observateur ni chose observée.
Elle n’est pas divisée, pas polarisée.
Elle est présence pure, clarté indifférenciée.

Depuis des millénaires, des chercheurs de vérité ont fait la même découverte : cette présence intérieure, ce « Je » profond qui nous habite, n’est pas une petite conscience personnelle isolée. Elle est la première expression de la Conscience absolue.
Comme le vent qui ridule la surface d’un étang, notre attention n’est qu’un mouvement de cette profondeur infinie.

Cette vérité n’est pas nouvelle, mais elle reste à reconnaître.
On ne trouve pas quelque chose de neuf : on découvre ce qui a toujours été là.
Rien n’est ajouté, rien n’est atteint — on réalise simplement que l’essentiel était présent depuis toujours.

Pourquoi parle-t-on de « Reconnaissance » ?
Parce que nous ne faisons que revenir à ce que nous sommes déjà.
Ce n’est pas un trésor caché au loin : c’est une évidence tranquille, juste oubliée sous les couches de nos habitudes.

Mais comment ce sentiment d’être un individu séparé est-il apparu ?
Comment un centre imaginaire s’est-il formé au cœur d’une réalité sans centre ?

Il faut voir que le reflet de la Conscience absolue — cette attention qui éclaire nos expériences — fait partie de la dynamique même de la vie.
Quand la vie se manifeste, elle prend cette forme : une conscience capable de percevoir, de ressentir, de choisir.
C’est grâce à elle que les êtres vivants interagissent, s’éveillent au monde, se reconnaissent.

Puis un autre phénomène apparaît : un sentiment d’être « quelqu’un ».
Ce sentiment se construit dans le mental, comme une petite histoire qui finit par occuper toute la scène intérieure.
Le mental est un ensemble de couches : pensées, émotions, mémoires, reflets, traces anciennes, élans oubliés.
Ce sont ces contenus qui finissent par associer la conscience à une image, à un rôle, à une identité.

Ainsi naît le « moi » personnel, comme un personnage façonné par la mémoire et la peur, par l’espoir et la comparaison.
On croit être ce personnage, comme si un courant d’eau croyait être séparé du lac.

Pourtant, au-delà de ces mouvements, demeure la profondeur.
Demeure l’Espace vaste et silencieux.
Demeure le Territoire réel de l’Esprit, intact, immobile, accueillant.

La Reconnaissance consiste simplement à tourner le regard vers ce fond tranquille.
À voir que le personnage n’est qu’une vague.
À réaliser que nous sommes le lac.

Le Territoire intérieur n’a jamais cessé d’être là, vaste, ouvert, patient.
Il attend seulement que nous revenions à lui.

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