
Dans le Franc al-ôd, je m’arrête au bord d’un vieux tronc tombé.
La forêt respire lentement,
et l’air circule entre les arbres
comme une pensée calme que le monde porte depuis toujours.
Je m’assois là,
en laissant l’espace venir jusqu’à moi.
Chaque souffle élargit la poitrine,
comme si l’espace de la forêt entrait en moi
et que mon corps, en retour,
offrait sa propre ouverture au paysage.
Cet espace — autour de moi, en moi —
possède la même nature que l’esprit.
Vaste, profond, silencieux,
il accueille chaque phénomène :
le ruissellement discret d’un filet d’eau,
le battement soudain d’ailes dans les branches,
le passage d’un souvenir,
l’apparition d’un élan nouveau.
Tout trouve sa place dans cette étendue intérieure.
L’esprit vaste reçoit ainsi chaque chose
comme une forme passagère traversant le ciel.
Le ciel ne se referme sur rien,
et l’esprit, lorsqu’il se déploie,
offre cette même liberté.
Dans ce silence,
la forêt enseigne la nature du cœur.
Elle révèle un chemin sans panneau ni direction,
un chemin qui avance sous les mousses épaisses,
dans l’odeur des feuilles humides,
et jusque dans la profondeur intime de la conscience.
À chaque respiration,
l’espace s’élargit encore.
Il se dilate depuis la poitrine
jusqu’aux collines lointaines,
puis depuis les collines
jusqu’à un horizon intérieur sans limite.
Dans ce mouvement,
une compassion tranquille se lève,
aussi naturelle que la lumière qui traverse les épines d’un pin.
Elle se répand vers tous les êtres sensibles
comme une brise douce qui franchit les vallées
sans effort.
Ici, dans le Franc al-ôd,
marcher revient à contempler l’esprit,
et contempler l’esprit revient à écouter la terre.
Chaque pas révèle une vérité simple :
l’espace que j’habite dans le monde
et l’espace que j’habite en moi
avancent ensemble,
comme deux souffles d’un même être.
La forêt le murmure dans ses racines,
dans la lenteur de ses ombres,
dans la lumière qui glisse entre les troncs.
À force de marcher,
je commence à reconnaître cette sagesse.
L’espace intérieur et l’espace du territoire
se répondent,
se prolongent,
se reflètent.
Et l’on découvre alors
que chaque être, chaque arbre, chaque souffle
chemine dans une même lumière —
une lumière sans bord,
une lumière qui cherche simplement
à s’épanouir.
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