Dojo et Zafu

Le dojo n’est pas d’abord une pièce aux murs droits et au sol poli.
Il commence là où l’on s’arrête.

Ici, le dojo est la clairière minérale, le champ de pierres, la respiration lente de la forêt. Il n’a ni portes ni plafond, mais une orientation : le ciel au-dessus, la terre en dessous, et l’être humain exactement entre les deux.

Le zafu naturel n’est pas façonné par la main.
Il est déjà là.

Une pierre stable, usée par le temps, polie par la pluie, chauffée par le soleil. Elle ne cherche pas à être confortable : elle est juste. S’asseoir sur elle, c’est accepter une posture sans négociation. Le corps s’ajuste, l’ego se tait. La colonne se redresse non par volonté, mais par nécessité.

Dans ce dojo sans murs, rien n’est symbolique : tout est réel.
Le froid pénètre. Le vent passe. Les bruits ne sont pas filtrés.
La posture devient sincère, parce qu’elle ne peut pas tricher.

Le sol enseigne la stabilité.
Les pierres enseignent la patience.
La forêt enseigne le silence habité.

On ne vient pas ici pour “méditer”.
On vient pour être.

Le zafu naturel ne promet rien : ni apaisement, ni illumination. Il offre seulement un point d’appui. Et ce point d’appui suffit. Le reste tombe de lui-même : les tensions inutiles, les pensées pressées, les rôles à défendre.

Dans ce dojo, il n’y a ni maître ni élève.
Il y a une assise.
Et dans cette assise, le monde cesse un instant d’être un problème.

Alors le dojo apparaît pour ce qu’il est vraiment :
un lieu qui n’enseigne rien,
mais qui permet enfin d’écouter.

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