Catégorie : Réflexions

  • JE FAIS MOUCHE À TOUT COUP

    Quand je pêche

    Ma canne n’est pas une canne

    Ma soie n’est pas une soie

    Ma mouche n’est pas une mouche

    La rivière n’est pas une rivière

    L’omble n’est pas l’omble

    La nature n’est pas la nature

    Le pêcheur n’est surtout pas un pêcheur

    Et pourtant je fais mouche à tout coup.

  • DEVANT, DERRIÈRE

    Regarde! La soie défile devant, derrière

    Non c’est le pêcheur qui la propulse devant, derrière.

    Non c’est votre esprit qui s’agite devant, derrière.

  • JE PRIE!

    Au fond de l’abime

    En cet exil des profondeurs

    Acteur d’une séparation

    Retranché dans ma solitude

    En quête d’une ombre

    Je prise!

    Au centre de ce torrent

    À peine lié au lit

    Étrangement flottant

    Comme un éphémère

    Aussi artificiel qu’irréel

    Je pris!

    Au coeur de l’affluent

    D’un corps oscillant

    Et d’un soi plongeant

    Replié en amont

    Je touche enfin l’abysse

    Je prie!

  • QUE SUIS-JE?

    Dans cet affluent je vais me vouer

    Attiré par ses chants, je m’éveille.

    En un instant je me libère

    Rempli totalement d’espace.

    Que suis-je sinon qu’un omble séduit.

    Vacillant le nez au vent,

    Attriqué de mes atours karmiques

    M’accrochant aux effusions des corps

    Je m’évade l’âme en exil.

    Que suis-je sinon qu’un éphémère en émergence.

    Pénétrant ces vagues profondeurs

    Comme un imago d’inconscience

    J’entre en métamorphose

    C’est la résurgence de l’intuition.

    Que suis-je sinon qu’un pêcheur pêchant

    la Naspidwi.

  • JE TOUCHE EN TOI

    Toi qui m’appelle encore

    Ta voix m’inonde

    Ta dérive m’attire

    Au fil de ta source

    Tu jaillis de mes failles

    Éclaboussant ma conscience

    Ton vaisseau m’inspire

    Ta lumière me séduit

    Ton impalpable réalité me touche

    Ta Force fulgurante m’osmose

    En transparence indomptable

    Comme une vacuité de soie

    Je suis ta nymphe émergente  

    Dans cette éclosion d’âme

    Dans cette frayère de l’insondable

    Matrice restructurante

    Flot d’abime en force

    Ton courant me traverse

    Je nais en toi

    Tu te déverse en moi

    Je touche en toi.

  • UN ÉPHÉMÈRE EN ÉMERGENCE

    Cette lumière incandescente

    Qui se reflète en mon âme

    Ces grâces océanes

    Qui profondément m’investissent

    Dérivent en tes flots

    Ton insaisissable réalité

    Ta transparente émanation

    Translucide ma conscience

    Comme une lueur printanière

    Tu m’abreuves d’infini

    Quand je plonge en toi

    Quand tu ruissèles en moi

    Au plus profond en mon coeur

    Tes flots lumineux m’envahissent

    Je suis un éphémère en émergence

  • L’IMPOSSIBLE POSSIBLE

    Quand ma peau s’émerveille d’un matin

    Quand d’espoir tu m’enivres 

    Et que d’admiration tu m’élèves

    Je sens possible l’impossible !

    Quand tes éclaircis m’habitent

    Quand tu m’illumines d’exhaltation

    Quand dans mes travaux infortunés

    Tu me navigues au bonheur

    Je sais l’impossible qui m’ignore!

    Quand des profondeurs de l’abime

    Quand de la vastitude de tes flots

    Et de cette étoile ignée

    Tu m’habilles d’extase 

    Je sais tout l’impossible, possible!

    Sous ces dehors d’infortune

    Je hurle à cet affluent qui m’exalte !

  • TOUT S’ÉPANCHE !

    Imprenable, tes flots fuyants

    Vacuité, tu t’agites et te transforme

    Interrelation, tu te fonds en toi

    Interdépendance, tu m’abreuves.

    Aucun instant ne s’arrête

    Aucune pensée ne se fige

    Pas un moment, ni impression

    Ne s’installe pour l’éternité.

    Imprenable, tu t’agites

    Vacuité, tes flots m’abreuvent

    Interrelation tu me transformes

    Interdépendance, tu te fonds en moi.

    Il n’y a aucun temps qui ne soit

    Pas une image qui se transforme

    Pas un geste qui ne s’estompe

    Il n’y a ni parole, ni idée qui ne soient arrêtées

    Imprenable tu me transformes

    Vacuité, tu t’agites en moi

    Interrelation, tu m’abreuves

    Interdépendance, tes flots s’entremêlent

    Pas un moi, ni un soi

    Il n’y reste qu’une empreinte

    Pas de malheur, ni bonheur

    Pas de nature autonome.

    Imprenable,  tu me fonds

    Vacuité, tu transformes le moi

    Interrelation, tu m’abreuves

    Interdépendance, tu t’agites

    Est-ce un pêcheur au centre de la Naspidwi ?

    Est-ce la Naspidwi au centre d’un pêcheur ?

    Est-ce un pêcheur au centre d’un pêcheur ?

    Est-ce la Naspidwi au centre de la Naspidwi ?

    Tout s’épanche!

  • AU FOND

    Qui suis-je au fond

    Qu’un homme du torrent

    Quand traversant la Naspidwi

    Je soulève insouciant ses sédiments

    Ne suis-je pas au fond

    Le créateur de ces opaques voiles

    Déséquilibré par ce fort courant

    Et recourbé par mes avides desseins

    Le vent souffle et la rivière s’agite

    Assise moi!

    Comment ferais-je au fond

    Pour me maintenir dans ce tourbillon

    Sans me laisser emporter

    Par cette nature déchainée

    Pour quel motif devrais-je au fond

    Demeurer dans ces violentes bourrasques

    Étourdis par ces flots incessants

    Vacillant en ces rafales indomptées

    Le vent s’agite et la rivière souffle

    Apaise moi!

    Par quelle voie au fond

    Pourrais-je me soustraire

    De ces tempêtes vertigineuses

    Qui m’étourdissent en aval et en amont

    Pour quelles raisons au fond

    Cette tourmente effrénée

    Devrait-elle se dérober

    Quand mon seul désir est de ferrer

    La rivière-vent, souffle-s’agite

    Au fond, ancre moi!