Catégorie : Réflexions

  • ELLE EST OU ELLE N’EST PAS?

    C’est en amont que la Naspidwi prend sa source

    Née d’un simple filet lui-même issu des eaux du ciel.

    D’abord ruisseau, puis jeune rivière, elle s’allonge en aval

    S’étend en amplitude et en grandeur 

    Pour rejoindre et se jeter dans un fleuve

    qui à son tour s’abandonne dans un océan infini.

    Elle se définit par ses eaux et son chenal

    Et pourtant ni ses eaux et ni son lit ne sont jamais les mêmes.

    Son ruisseau n’est pas la jeune rivière, ni son embouchure.

    Parfois filet, torrent, cascade, rapide, fosse ou chute

    Sa forme varie, ses eaux jamais les mêmes.

    Elle est ou elle n’est pas?

    À quel endroit se trouve donc cette rivière?

    Dans l’empreinte qu’elle laisse en moi 

    lorsque je pêche dans l’affluent qui m’exalte.

  • JE SUIS, JE SUIS, JE SUIS

    En ce moment, au coeur de la Naspidwi

    Je suis la mouche, la soie, le bambou

    Je suis l’avant, l’arrière, le lancer

    Je suis la rivière, son lit, les rochers

    Je suis ses flots, ses rapides et une bulle sur l’eau qui éclate

    Je suis l’omble, l’éphémère, la libellule

    Je suis la forêt, le chant des oiseaux, le vent dans les feuilles

    Je suis le ciel, les nuages  et l’espace 

    Je suis, je suis, je suis

    Et pourtant je ne suis pas!

  • JE LANCE MA MOUCHE, JE NE PÊCHE PAS

    La pêche ultime. Quand on est débutant, on veut absolument attraper un poisson, puis vient le temps où on veut épater la galerie (ou se rassurer soi-même), et on aligne les prises comme les perles sur un chapelet, le plus de poisson possible ! C’est la période qu’auparavant on appelait  »les remplisseur d’éviers », puis que la coutume était le « poisson pris, poisson frit » !  Puis avec le temps le pêcheur évolue, ils se concentre sur le poisson mahousse, la mémère qu’il aura ferré, bref il cherche la plus grosse. Toujours dans une recherche de trouver une assurance quelconque, essayer de se surpasser en domptant la nature, indomptable, le sentiment de toute puissance réside là. Puis, nous franchissons encore une étape, celle du plaisir que l’on prend à faire attraper du poisson à d’autres. On entre alors dans une période de communion totale avec la nature et l’espèce humaine, le don de soi pour le bonheur des autres, qui aujourd’hui ne passe plus par « rapporter une truite pour le déjeuner », mais plutôt comment les attraper, les relâcher et s’assurer qu’elles retournent dans un environnement sain.

    Là où l’on prend tous une gifle, pour ne pas dire une bifle c’est quand on voit ce film de Reno Boyd où le bonheur n’est pas d’attraper le poisson mais de le leurrer et ce avec des mouches non pas sans ardillons mais sans hameçons ! La truite est le meilleur compagnon de jeu et le but ultime de la pêche moderne est aujourd’hui de satisfaire l’homme dans sa capacité à imiter ou à vivre en accord avec la nature, mais surtout tel un véritable jeu, à leurrer les poissons, qu’il ne consomme plus, mais où il n’a donc plus aucune raison de les blesser en les attrapant avec un hameçon, et ce simple geste suffit à agir comme un neurotransmetteur du plaisir, une sorte de dopamine !

    Donc, je suis resté héberlué en regardant ce pêcheur mécaniquement couper les hampes de ses hameçons avec une pince, pêche ultime vers laquelle nous aspirons ? Je veux l’épanouissement que semble connaitre cet homme, de la même manière que j’avais été subjugué par Lee Spencer sur l’Umpqua, qui leurrait lui aussi les Steelheads avec des hameçons dont il coupait la hampe, pour ne pas les blesser…

    Oui, je sais, le chemin est long, en attendant regardez ce film, c’est une leçon de zen.

    « Je lance ma mouche, je ne pêche pas ».

    source: http://www.lemouching.com/2017/05/ultimate-flyfishing/

  • MONTAGE SANS HAMEÇON

    Qui a déjà vu une mouche voler avec un hameçon? Moi jamais!

  • LONGUES ET VASTES PRIÈRES

    Les sons de la Naspidwi dans la vallée

    sont de longues et vastes prières.

    La forme des montagnes sont des corps de pureté

    Toute ma vie je les ai entendu.

    Comment aujourd’hui pourrais-je les transmettre?

  • AU CONFLUENT DE LA MATAPEGIAG ET DE LA NASPIDWI

    Tu frisonnes sous le vent

    Tu t’emballes sur la pierre

    Tu t’esclaffe dans l’espace

    Tu brilles au soleil

    Tu chantes!

    Tu m’entoures, me submerge

    Tu rigoles dans mes veines

    Tu t’illumines en mon esprit.

    Nos coeurs et nos corps se rencontre

    Je m’enchante!

    Au confluent de la Matapegiag et de la Naspidwi

     Nous nous enchantons!

  • TOUT Y EST, RIEN N’Y EST

    Dans l’absorption de la Nature

    Il y a ni devant, ni derrière

    Ni éphémère, ni soie

    Ni pêcheur, ni rivière

    C’est l’eau dans l’eau

    Les flots dans les flots

    La Rivière dans le pêcheur

    La soie dans l’éphémère

    Derrière et devant ensemble

    Tout y est, rien n’y est

  • DIX LANCERS DE PÉRÉGRINATIONS

    Plutôt que de vous soucier des mauvais lancers,

    mieux vaut vous mettre au repos et rester sans faire.

    Ceux qui se sont produits, ne les laissez pas continuer ;

    et ceux qui ne se sont pas encore produits, ne les laissez pas advenir.

    Cela vaudra mieux pour vous que dix lancers de pérégrinations. »

  • DANS LE MURMURE DE L’EAU

    « Dans le murmure de l’eau,
    L’écho du temps présent.
    Canne et soie, esprit et corps,
    Unis dans la danse du moment.

    La mouche se pose avec douceur,
    Comme la pensée au cœur.
    Le flux de la rivière est la voie,
    Dans l’immobilité, l’éveil se déploie. »

  • UN TRÉSOR S’ÉTALE

    Lorsque les obstacles s’évadent de notre vue,
    L’excellence surhumaine s’épanouit, elle est vraie,
    Sagesse et vision nobles prennent leur envol,
    Dans le cœur du pêcheur un trésor qui s’étale.

    Comme un torrent fougueux, une rivière qui court,
    Si les canaux d’obstacles sont fermés, point n’est de détour,
    Le courant demeure puissant, sans se dissiper,
    Guidant la rivière vers l’horizon, loin, sans fléchir.

    Comme une dette effacée, une maladie en fuite,
    De prison et d’esclavage, une évasion sans suite,
    Dans l’abri de la libération, nous trouvons un havre,
    Les obstacles balayés, notre être retrouve son calme.

    Ainsi, libérés des chaînes du tourment intérieur,
    Comme le phénix qui renaît de ses cendres en douceur,
    Les barrières tombent, laissant place à l’essor,
    Dans la clarté intérieure, l’esprit trouve son trésor.