Catégorie : Textes

  • JIANG ZIYA (姜子牙) LE VIEUX PÊCHEUR

    Jiang Ziya (姜子牙), également connu sous le nom de Taigong Wang (太公望), est une figure légendaire de la Chine ancienne, célèbre pour son rôle de stratège et de sage dans l’établissement de la dynastie Zhou (1046-256 av. J.-C.). Souvent représenté comme un vieux pêcheur, il incarne symboliquement la sagesse et la patience, des valeurs profondément ancrées dans le Chan (Zen) chinois.

    Selon la légende, bien que Jiang Ziya fût un brillant stratège et érudit, il vivait humblement en tant que pêcheur sur la rivière Wei. Cependant, contrairement aux pêcheurs traditionnels, il utilisait une canne à pêche sans appât et un hameçon droit, non courbé. Lorsqu’on lui demandait pourquoi il agissait ainsi, il répondait : « Ce n’est pas moi qui chasse les poissons, ce sont les poissons qui viennent à moi lorsqu’ils sont prêts. » Cette approche symbolise le principe du Wu Wei (无为, non-agir), cher au taoïsme et au Chan. L’idée est de ne pas forcer les choses, mais de laisser les événements suivre leur cours naturel, de laisser l’Éveil venir de manière spontanée plutôt que de le chercher activement, et de comprendre que l’intelligence et la sagesse surpassent la force brute.

    Bien que Jiang Ziya soit plus associé au confucianisme et au taoïsme qu’au bouddhisme Chan, son approche de la vie a profondément influencé la pensée Chan chinoise. Sa pratique de lâcher-prise et de patience, semblable à celle d’un maître Chan qui médite sans chercher activement l’illumination, reflète cette philosophie. Le rôle de pêcheur qu’il occupe symbolise également le fait que la sagesse ne réside pas nécessairement dans le pouvoir ou la richesse, mais dans la simplicité et l’humilité. De plus, son action juste (Wu Wei) lui permet d’agir sans attachement, ce qui lui confère un rôle central dans l’histoire sans avoir besoin de chercher à s’imposer.

    Dans l’histoire et la culture chinoise, Jiang Ziya est vénéré comme un sage et un stratège militaire. Il joue un rôle crucial dans le roman classique « L’Investiture des Dieux » (封神演义, Fengshen Yanyi), où il est dépeint comme un immortel aidant à renverser la dynastie Shang. En plus de sa réputation de stratège, il est également une figure importante du folklore taoïste et est parfois considéré comme un immortel taoïste.

    Ainsi, bien que Jiang Ziya ne soit pas directement un maître Chan, il incarne des principes essentiels qui ont influencé la pensée Chan : patience et non-attachement, simplicité et humilité, et la pratique de laisser les choses venir naturellement à travers le Wu Wei.

  • TAO DU LANCER

    Le Tao du lancer à la mouche réside dans l’art subtil de se connecter à la nature sans forcer, une pratique qui reflète profondément les enseignements du Tao. Le concept de Wu Wei, ou action sans effort, est l’essence même de cette voie. Lorsqu’un pêcheur lance sa ligne, il ne lutte pas contre les éléments. Au contraire, il les utilise comme un partenaire, se laissant porter par le vent et le courant, afin de créer un mouvement fluide et naturel. Dans cette danse avec la rivière, le pêcheur apprend à ne pas forcer les choses, mais à les laisser se dérouler harmonieusement, en totale acceptation du flux naturel, ce qui représente parfaitement la philosophie taoïste de l’harmonie avec le Tao.

    Le pêcheur s’immerge dans la rivière comme il s’immerge dans une forme de méditation, plongeant son esprit dans le présent. Chaque lancer devient une occasion d’être totalement présent, d’être en phase avec la nature et de se vider l’esprit. Le pêcheur s’immerge dans l’instant, tout comme il s’immerge dans l’eau, se laissant porter par les mouvements subtils de la rivière et par la fluidité de son propre geste. Il se concentre sur le bruit de l’eau, le mouvement de la mouche et la trajectoire de la ligne. Ce moment devient un moyen d’expérimenter la vraie nature de l’Esprit, un espace où l’on se connecte à l’instant sans se laisser distraire par les pensées passées ou futures. Dans cette pratique, le pêcheur apprend à « attraper » la véritable essence de l’instant, sans jamais chercher à saisir ou à posséder quoi que ce soit de tangible.

    Comme le Tao, la voie du lancer à la mouche repose également sur la simplicité. Les gestes et les outils employés, bien qu’apparemment simples, demandent une maîtrise qui devient plus fluide et naturelle au fil du temps. Cette recherche de simplicité dans l’action rejoint les principes taoïstes qui valorisent l’abandon des fardeaux inutiles et l’harmonie avec l’essentiel. Le pêcheur se concentre sur l’essentiel – une canne, une ligne, une mouche – et s’efforce de se connecter à la nature sans artifice. Cette pratique devient ainsi un moyen de vivre en harmonie avec les cycles naturels, de comprendre les rythmes de la vie et de s’y adapter sans jamais chercher à les dominer. C’est dans cette acceptation du flux naturel que réside le véritable Tao du lancer à la mouche.